Musique et Liberté ont toujours entretenu un rapport intime.
La musique est certainement l’un des derniers modes d’expression, à rester libre quand la parole est muselée par l’oppression et la violence.
Il devient un chant de ralliement et de résistance, une part du rêve, la dernière bouée qui permet de garder l’espoir dans la tourmente.
FESTIVAL MUSIQ 3- 2015
Un magnifique festival qui a passionné des milliers de spectateurs durant les trois jours.
Une superbe distribution panoplie de musiciens et de chanteurs.
Un tout grand festival remarquable, organisé avec précision, sans bavure.
Tout s’est passé à Flagey dans les supers studios de l’ex RTB.
Tout s’est passé également au Théâtre Marni.
Tout s’est passé aussi place Sainte-Croix avec un podium de belle qualité installé sous le chapiteau, là où se produisaient de jeunes musiciens de jazz. Une ambiance du tonnerre.
Le Festival Musiq 3 , pour fêter ses cinq ans , a exploré l’un des fondements de la musique au travers de compositeurs et d’interprètes qui se battent pour revendiquer leur droit à la Liberté.
Un Festival qui s’est trouvé grave parfois, mais aussi joyeux, festive , impertinent et libre !
FAZIL SAY INVITE D’HONNEUR
Pour cette 5ème édition , le Festival de Wallonie avait choisi comme invité d’honneur le pianiste et compositeur turc charismatique, porteur d’espoir et de dépassement , ambassadeur d’un certain humanisme . Il fait partie aujourd’hui de ceux qui proposent une nouvelle définition de l’acte musical. Il exprime tout le poids de la culture, arme vivante et pacifiste qui pourrait faire basculer, en sensibilisant les esprits, l’évolution, de son pays vers… davantage de démocratie.
FAZIL SAY est un musicien hors série, doté d’un talent foudroyant !
Pour moi, il est la personnalité la plus extraordinaire du Festival !
« Il faut absolument que tu l’entendes, il joue comme un diable » a dit le compositeur Reimann en s’adressant à David Levine , après sa découverte de Fazil Say en 1987 .
Sa victoire au Concours International Young Concert Artists de New York lance sa carrière internationale des plus brillantes de musicien.
Son oeuvre de compositeur compte plus que 50 pièces pour des formations très variées.
Il a joué vendredi dernier deux sonates de Mozart et une de lui-même.
Son interprétation est unique et bouleversante !
Benoît de Dixmude : Fazil Say a composé et joué plusieurs versions de Gezi Park , inspiré par les mouvements de protestations qui sont nés en 2013 dans le quartier de Taksim, suite à la menace de suppression du parc Gezi.
Comme Mozart, Fazil Say ne s’intéresse guère à la forme. Il écrit sa pièce en 2014, dans un seul mouvement qui évoque les manifestations et les répressions des autorités.
Ici aussi, c’est un artiste libre qui s’exprime !
On a eu le bonheur de le retrouver le lendemain, le samedi, avec l’Orchestre du Festival.
Titre de ce concert : « Musiques de Liberté « avec Joëlle Charliert(mezzo) , Alain De Rudder (trompette) , Shirly Laub(violon) et FAZIL SAY au piano pour son œuvre « Gezi Park 3 « pour piano , mezzo-soprano et orchestre à cordes. Et Fazil Say enchaînait avec une œuvre de Chostakovitch « « Concert n° 1 en do mineur pour piano et trompette, op 35.
Une œuvre pathétique poignante, non pas jouée par Fazil Say.
Je vous la propose pour découvrir cette œuvre puissante.
FESTIVAL MUSIQ 3
Je vous ai déjà beaucoup parlé du festival , il y a quelques jours.
J’ai pensé vous intéresser en mettant en exergue les concerts qui avaient pour moi une valeur complémentaire.
Ainsi par exemple …CINDY CASTILLO
Une idée toute particulière et intéressante.
A l’orgue :Cindy Castillo
A l’ordinateur : Katia Madaule.
« C’est « Babel Live »
« Toute ombre est aussi fille de la lumière et seul celui qui a connu la clarté et les ténèbres , la guerre et la paix , la grandeur et la décadence a vraiment vécu» ( Stefan Zweig)
Cindy Castillo a suivi sa formation d’organiste à Bruxelles , Paris, Namur et Strasbourg. Elle est désignée « artiste en résidence » au Saporo Concert Hall en 2008-2009.
Dans son combat pour montrer que l’orgue est bien plus qu’un instrument d’église , Cindy propose régulièrement des formules de concert innovantes , en associant à ses prestations cinéma, danse ou art vidéo.
Elle produit et anime régulièrement des «émissions » sur Musiq 3.
Elle est organiste titulaire à la Basilique du Sacré-Choeur de Bruxelles.
AUTOUR DE BABEL
Est devenu , au fil du temps , une émission culte de Musiq 3.
Le principe est simple : une bande sonore qui enchaine les musiques et les sons, qui parfois les superpose, uniquement pour le plaisir de l’écoute. Cela crée des rencontres souvent surprenantes, des chocs d’écoute tout en garantissant le plaisir de découvrir des perles musicales jusqu’ici inconnues ou des associations aussi réussies qu’insoupçonnées.
Cindy et son amie collaboratrice Katia Madaule (jeune franco-finlandaise et ingénieur du son à Musiq 3.
Chaque vendredi à 22 h , elles proposent toutes deux une émission : un voyage sonore de 90 minutes.
Intéressant ! Une émission à la fois musicale et sonore, des sons tous particuliers qui interrogent notre curiosité.
Elles avaient programmé pour le Festival Buxtehude et Tunder pour le chant ; Bach pour le violon et l’orgue seul !
Si je devais établir un classement, je mettrais Fazil Say en numéro un et en deux : « la tarantelle alla & accordone »
« Comment peut-on vivre sans la vie , comment peut-on vouloir le bien sans coeur »…(F.Spinelo)
Ils sont sept sur le plateau : violon , luth, guitare, théorbe, percussions, clavecin, dirigés par Guido Morini(clavecin) et la présence de Marco Beasley : ténor.Ainsi que deux musiciennes violonistes
Le programme ? Une tarantelle del Piacere qui se jouait dans les rues de Naples pendant la domination espagnole…
Des chants émanant de textes de la tradition des Pouilles et des musiques traditionnelles napolitaines .
« Je vole dans le ciel et je tombe par terre.
« Je suis toujours en guerre et je n’ai pas d’ennemis »
(Spinello)
ACCORDON s’attache à la tradition napolitaine, un patrimoine que l’ensemble Marco Beasley et Guido Morini défend depuis trente ans.
Pour eux, il ne s’agit pas de restituer un répertoire figé par le temps , mais bien de le partager en se l’appropriant, et le parant des couleurs d’aujourd’hui. On goûte avec bonheur à cette savoureuse musique du napolitain jouée avec tellement passion par ces six musiciens, tellement vrai dans leurs interprétations.
Si vous les voyez à l’affiche, bondissez dans le théâtre , vous ne le regretterez jamais.
« Joue, ma guitare, ne te fatigue pas : Celui qui te joue te donne le bon rythme.( De Vittorio)
Ce groupe a fait un succès mirobolant et bien mérité. Les spectateurs (c’était dans la grande salle du studio 4) ont applaudi ces artistes pendant de longs moments.
C’est pour moi l’un des concerts le plus exaltant et exalté !
Tellement exalté par cette musique , ses musiciens et son chanteur que je veux vous offrir une deuxième rencontre ave Accordone..
Berlin. Les années 30. Lieu de tensions entre le national-socialisme et tous ceux que cette idéologie totalitaire considère comme ses ennemis.
(Benoit Jacques de Dixmude)
MARY CAREWE , une artiste britannique appréciée pour son large répertoire : théâtre musical, musiques de films, chefs d’œuvre du Cabaret du XX ème siècle jusqu’aux œuvres pour voix seule avec piano.
Ce fut le cas de cette fin de soirée au Festival.
Mary Carewe , une superbe reproduction des chanteuses des années 30.
Avec son pianiste, Philip Mayers, elle nous a offert de très belles chansons de cabaret avec cette voix accchante et sa langue anglaise.
Un ravissement ce spectacle accompagné d’une lumière tamisée ce qui avait un charme supplémentaire…
Dimanche 28/06 : Un nouveau bonheur, celui de revoir notre formidable pianiste : Jean-Claude Vanden Eynen, véritable star dans le monde entier, et toujours jeune avec ses 67 ans.
Il a joué Chopin, Ravel et Brahms, accompagné par Lorenzo Gatto, Véronique Bogarts et Marie Hallynck.
Un fameux quatuor !
Une histoire de complicité !
Un moment d’amour merveilleux.
Le concert se termine. Le public applaudi à tout casser. Nos artistes saluent et sont prêts à rentrer dan la coulisse du Studio 1 quand Lorenzo, Marie et Jean-Claude se mettent à jouer le fameux « Happy Birthday » destiné à Véronique.
C’est son anniversaire, et Jean-Claude a voulu le fêter avec le public…
J’adore le Portugal. J’adore les portugais. Je connais bien les portugais pour m’être rendu souvent dans ce pays et fréquenté les boites à fado.
Le Festival avait invité l’une des plus grands voix actuelles du fado : CAMANE
Nom incontournable de l’histoire du fado , Camané est aujourd’hui une des principales références du panorama musical portugais , également pour la nouvelle génération.
Je n’ai pas bien ressenti le fado, j’aurais voulu l’entendre dans une salle plus petite que le Studio 4.
J’aurais voulu que Camané s’adresse à un public plus proche.
Mais bien sûr, il a une voix magnifique.
Un soir, un jour peut-être à Lisboa, je reverrai ce chanteur de fado. Muit obrigado Camané..
Je voudrais encore vous entretenir quelques instants de ce Festival, pour applaudir chaleureusement ce génie du violon qu’est Stephen WAARTS, lauréat du Concours Reine Elisabeth et Prix Musiq 3 du public, CMIREB.
Il a joué Schubert, Prokofiev et Kreisler ! Un vrai bonheur!
Très sincèrement ce FESTIVAL MUSIQ 3 est une réussite totale. Rien de négatif ! Et le tout dans une ambiance amicale, souriante, intelligente, joyeuse même !
Un Festival, pas ennuyeux une seule seconde, vivant en diable…de haute qualité. Des artistes formidables et dévoués à cette cause de LA LIBERTE !
C’est ce que Natacha Kudritskaya, ukrainienne et pianiste, a voulu nous faire comprendre avant d’interpréter la célèbre « Rhapsodie in blue » de Gershwin , accompagnée par le Brussels Philharmonic Orchestra ( au moins cent musiciens) dirigé avec fougue par Giancarlo Guerrero.
Impressionnant de voir réunis sur ce grand plateau du Studio 4, autant de musiciens déchaînés , jouant avec exaltation et enthousiasme cette fabuleuse musique de Leonard Bernstein pour le film « West Side Story » ! 15 minutes en pleine euphorie et émotion !
Multiples félicitations à tous ceux qui ont mené à bien ce Festival Musiq 3.
Ce Festival démontre aussi que la musique classique n’a rien d’obsolète, ni d’ennuyeux ! Au contraire !
Et comme dirait Michel Drucker dans son émission «Vivement dimanche » , je dis moi : « Vivement dans un an pour vivre un nouvelle aventure musicale semblable ! »
Amis de l’émission/blog « Les Feux de la Rampe » , merci de me suivre dans ces moments de joie musicale.
Notre moment de séparation : « West Side Story » cela va de soi !
A tout bientôt, dans quelques heures , avec le Festival MIDIS MINIMES !
On ne chôme pas aux « Feux de la Rampe »
Roger Simons