Un « seul en scène », étonnant écrit et joué par Janie Follet, actrice créatrice d’origine française, mais fixée à Bruxelles depuis plusieurs années.
Plutôt que d’être une comédienne au propre sens du mot, elle se confronte à des partitions de jeux physiques.
Elle recherche d’une manière sensible les limites de la théâtralité et de la performance, très apparente dans son spectacle, avec le corps, les mouvements et les gestuelles aux frontières de la danse.
Elle confronte aussi différents registres de jeux.
Au fil de ses formations et de ses expériences de plateau, elle a développé un travail autour du jeu burlesque incluant un travail rythmique et vocal.
Janie participe également aux stages de clown, en France cette fois, et cela se perçoit bien dans son « seul en scène ».
CHAIR(E) DE POULE
Si vous deviez vous rendre au Théâtre de la Vie, et vous auriez raison de le faire, jetez un œil sur le propos que je viens de vous confier.
« Une vie se constitue de 3 lignes parallèles qui divergent, se croisent qui varient…ce que l’on veut être , ce que l’on croit être , ce que l’on est vraiment. »
(parole d’une femme nullipare, interviewée dans « L’embarras du choix » , documentaire d’Isabelle Taveneau)
Le début du spectacle est inattendu.
Janie Follet entre en scène avec timidité, regarde le public avec un sourire qui se répétera durant son « seul en scène ».
Elle est devenue Lana Delcourt, sociologue conférencière de renom , spécialiste de l’endométriose ( maladie gynécologique).
Elle explique dans les moindres détails ce qu’est cette grave maladie…
Mais tout bascule…Lana se transforme et traversée par son histoire, elle se réincarne en sa propre mère.
Et par le biais de cette Lana Delcourt, Janie Follet glisse les spectateurs dans son univers : celui de l’intime !
Et à partir de là, son spectacle est passionnant. La scène devient une machine à remonter ou projeter le temps. Et cela va loin…
Elle instaure un décalage entre l’esprit et le corps qui joue un rôle important dans son parcours, l’humour dans le grave, le burlesque dans le tragique.
C’est de plus en plus captivant et curieux.
Le sujet brûlant de la pièce : c’est être femme, être mère , être fille, ETRE !!!
Elle développe un langage corporel dont le moteur principal est le thème de l’animalité !
Thématiques de « Chair(e) de poule » : le rapport à notre finitude – la filiation-la séduction – le rapport à l’homme – la maternité ou la non maternité – l’organicité – l’enfant fantasmé – l’instinct féminin…
Je ne vous en dis pas davantage mais je veux souligner l’intérêt de ce spectacle, sa différence.
Janie a beaucoup de talent que ce soit dans son écriture partagée avec Hélène Cordier, la comédie, la danse, le burlesque, la voix, la gestuelle. Elle est très inventive et originale ! Son spectacle est hors habitude. Ses regards vers le public, pénétrants. Tout devient surréaliste !
Janie explore sur un ton décalé « une existence de femme ».
Un corps, une voix, un discours , une façon de vivre dès la venue au monde…
Le Théâtre de la Vie a pris une belle direction : offrir à son public des spectacles uniques que l’on ne voit pas ailleurs.Cela se remarque car les spectateurs sont de plus en plus nombreux.
Un mot encore : ce « seul en scène » explore sur un ton décalé une existence de femme !
CHAIR(E) DE POULE
Conception et interprétation : Janie Follet
Regard extérieur et dramaturgie : Hélène Cordier
Chorégraphie : Angèle Cordier
Scénographie : Emmanuelle Bischoff
Assistante Scénographie : Lydwine Thibaut
Costumes : Angèle Micaux
Création Lumière : Sarra Latrèche
Visuel :LMG Névroplasticienne
Photos: Manuerl Versaen
CHAIR(E) DE POULE / JANIE FOLLET
Jusqu’au 1er février 2014
THEATRE DE LA VIE
Rue Traversière 45 – 1210 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 219 60 06
Les chansons que vous écoutez dans cette rencontre sont celles choisies par Janie Follet.
Une troisième et dernière chanson : Véronique Samson.
A tout bientôt avec la pièce de Dominique Bréda « LA CONCORDANCE DES TEMPS » qui se joue actuellement au Théâtre des Riches-Claires.
« Je veux m’allier au noir désespoir contre mon âme et devenir l’ennemie de moi-même. » (Shakespeare – Richard III)
RICHARD III, un grand moment de théâtre.
C’est aussi un grand moment de cinéma avec Al Pacino : « Looking for Richard », un film dont il est le réalisateur
Thierry Debroux( directeur et adaptateur) : Il n’est pas simple lorsqu’on plonge dans l’histoire anglaise et les conflits incessants entre les York et les Lancastre de savoir qui est qui. C’est particulièrement vrai dans RICHARD III !
Le défi de l’adaptation a été de vous permettre de suivre l’intrigue sans vous demander sans cesse à quel personnage vous avez affaire et quel est son lien avec les York ou les Lancastre.
Ce sera à vous de nous dire si le pari est tenu.
Il y a beaucoup de musiques et de chansons dans la pièce. Celles que vous entendrez au cours de cette édition spéciale appartiennent au spectacle. Un choix des plus variés.
Isabelle Pousseur (metteuse en scène) : Richard III est d’abord un texte politique.
Un homme veut nous démontrer qu’il obtiendra le pouvoir, par tous les moyens, dans une liberté absolue et une impunité totale, ceci sans hésiter à sacrifier tous ceux qui lui barrent le chemin. Rien ne peut empêcher Richard d’avancer sur ce chemin qui mène à la couronne.
RICHARD III , une magnifique découverte d’un texte superlatif, une mise en scène époustouflante , un décor frappant , 17 acteurs brillants et une prestation prodigieuse de Guy Pion dans ce personnage clé de RICHARD III
Une mise en musique et en chansons tout à fait étonnante.
Ainsi la jeune chanteuse belge : Melanie de Biasio …
« Le mal recueille le mal et l’infamie, la rétribution de l’infamie »
(Shakespeare)
Insérée musicalement au début de cette édition spéciale, vous entendiez avec surprise je présume le crooner américain des années 40/50 : Dean Martin.
Deuxième surprise – toujours en musique – toujours cette époque révolue : un groupe de trois jeunes femmes américaines.
Elles sont venues rejoindre Richard III
Ca swingue ! Et sur le grand plateau du Théâtre Royal du Parc…
Catherine Graindorge, violoniste avec son assortiment de pédales d’effets et sa musique aux confins d’un monde stellaire fait partie également du spectacle. Superbe !
Un troisième extrait du spectacle RICHARD III
Vous faire voir et écouter dans cette édition spéciale des « Feux de la rampe » ces extraits de la pièce me donnent l’envie de retourner au plus vite au Théâtre Royal du Parc pour revoir une deuxième fois ce spectacle grandiose. Et vous ?
DISTRIBUTION :
GUY PION (Richard III)
Entouré par :
Anouchka Vingtier (Lady Ann)
Béatrix Ferauge (Lady Gloucester)
Brigitte Dedry (Lord Elisabeth)
Philippe Grand’Henry (Lord Hastings)
Simon Duprez (Buchingham)
Olindo Bolzan(Clarence + le maître)
François Sikivie (Le Roi Edouard + l’Evêque)
Thierry Janssen (Stanley + le 2ème assassin)
Fabien Magry Tyrell+ le 1er assassin)
Bruno Borsu (Brakenbury+Catesby+Citoyen 3)
Adrien Letartre (Mistress Shore + Richmond)
Jérémy Mekkaoui ou Sélim Chapel (Le prince Edouard)
Madeleine Camus (La jeune Elisabeth)
Mickael Dubois (Citoyen 2 et rôles divers)
Arthur Marbaix (Citoyen 1 et rôles divers)
Adrien Desbons (Rivers+ le greffier)
MISE EN SCENE : Isabelle Pousseur
Assistanat : Guillemette Laurent
Stagiaires en assistanat : Jeremie Velghe , Elsa Guenot
Scénographie : Sophie Carlier
Costumes : Natacha Belova
Couturières : Françoise Van Tienen , Chloé Dilasser, Elise Abraham
Lumières : Laurent Kaye
Chorégraphie : Filipa Silveira Cardoso
Maquillages et coiffures : Véronique Lacroix
Stagiaires en maquillage : Caroline Escarmelle, Elia Hatzigeorgiou
Direction technique : Gérard Verhulpen
Régie : David Lempereur
Régie lumières : Noé Francq
Régie son : Jérémy Vanoost
Régie plateau : Cécile Vannnieuwerburgh
Accessoiriste : Zouheir Farroukh
Habilleuse : Elise Abraham
Menuisiers : Yahia Azzaydiu , Shaban Rexhep, Patrick Cautaert.
Photos : Isabelle De Beir
Vidéo (interview : Guy Pion/Roger Simons) Paul Freitas.
RICHARD III – WILLIAM SHAKESPEARE – ISABELLE POUSSEUR- GUY PION
Coproduction : Théâtre Royal du Parc – Théâtre de l’Eveil – Centre des Arts scéniques –Conservatoire de Mons – Commission Communautaire Française.
RICHARD III
Jusqu’au 15 février 2014
THEATRE ROYAL DU PARC
Rue de la Loi, 3 – 1000 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 505 30 30
Après Shakespeare, Molière et son TARTUFFE
Après cette longue édition spéciale, pourrai-je encore vous proposer une très belle chanson interprétée par Jean-Roger Caussimon ? Oui, bien sûr ! La voici…Merci pour votre attention. Bons Théâtres ! A tout bientôt.
C’est le jour de Noël. Monsieur Roote le directeur de l’établissement, un homme pointilleux et scrupuleux au-delà du raisonnable, se retrouve avec un mort – EST-CE UN MEURTRE ? – et une naissance UN VIOL ?
L’affaire a eu lieu chez les résidents, malgré le système de surveillance. Comment cela est-il possible ?
Le directeur exige de Gibbs , son amitieux subordonné une enquête et il veut connaître tous les détails , toujours plus de détails , tant de détails qu’à la fin tout va à vau l’eau et se dérègle au plus haut point.
HOT HOUSE/MARCEL DELVAL
Marcel Delval (metteur en scène) : Avec ce texte qui date de 1958 , Harold Pinter nous livre de façon sournoise et dans un style inimitable, une extraordinaire métaphore sur le danger de la déshumanisation , l’aveuglement d’un système , la veulerie de la soumission et l’hypocrisie de l’adulation , en un mot sur les dérives du pouvoir et des rapports de force.
Le théâtre de Harold Pinter – Prix Nobel de Littérature 2005- commence souvent de façon anodine pour devenir rapidement menaçant et absurde.
Les dialogues basculent de manière inattendue ; les masques des convenances sociales tombent, les êtres, livrés à eux-mêmes ou aux autres, révèlent une faille ou une étrangeté qui devient un jeu de stratégie et de domination physique, psychologique et sexuelles.
Marcel Delval : Le « dialogue pintérien » est devenu une expression qui désigne tout échange de propos apparemment vides de sens , mais où couvent tantôt de sourdes tensions , sinon de véritables luttes à mort , tantôt des désirs larvés.
Le vrai, le faux, la coupure radicale de l’être et le dire, se télescopent sans pouvoir être démêlés . Ce double registre entre le dit et le non dit, ce no man’s land constitue un territoire d’exploration pour dire la cruauté qui se cache au cœur de nos sociétés policées.
HOT HOUSE : HAROLD PINTER
On peut aussi considérer cette œuvre dramatique comme un suspense violent ! On peut se poser des questions toutes simples, telles : où sommes-nous ? Dans une maison de repos ? Un asile ? Un hôpital ? Une prison ? Un camp ? En tout cas, nous sommes dans un lieu d’enfermement qui ressemble à tout cela à la fois avec sa hiérarchie implacable , ses règles angoissantes et ses « résidents » désignés anonymement par des numéros…
SUSPENSE HALETANT ! LE MATRICULE 6457 EST MORT !
LE MATRICULE 6459 VIENT D’ACCOUCHER …
On continue à se poser la même question : s’agit- il d’un meurtre pour le premier ? D’un viol pour le deuxième !!!
Marcel Delval : Ce qui est certain, c’est que l’institution est en danger…mais qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ?
HAROLD PINTER – né le 10 octobre 1930 dans l’East End, un quartier de Londres qui était à l’époque populaire et industriel – est décédé à Londres le 24 décembre 2008, atteint d’un cancer à l’œsophage!
Ce grand romancier et dramaturge est donc mort le jour de Noël.
Il était loin d’imaginer en 1958 – année où il a écrit « Hot House » qu’il disparaîtrait ce jour-là cinquante ans plus tard.
HAROLD PINTER : Je suis convaincu que ce qui se produit dans mes pièces pourrait se produire n’importe où, n’importe quand, bien que, de prime abord, les évènements puissent paraître peu familiers.
Si vous insistez pour que je définisse la chose, je dirais que ce qui se passe dans mes pièces est réaliste, mais que ce que je fais n’est pas du réalisme.
Il n’y a pas de distinctions tranchées entre ce qui est réel et ce qui est irréel, entre ce qui est vrai et ce qui est faux. Une chose n’est pas nécessairement vraie ou fausse, elle peut tout à la fois être vraie et fausse !
J’ajouterai que la vérité au théâtre est à jamais insaisissable. Vous ne la trouvez jamais tout à fait, mais sa quête a quelque chose de compulsif. Cette quête est précisément ce qui commande votre effort. Cette quête est votre tâche !
Très précis le propos d’Harold Pinter, mais cela ne nous éclaire nullement sur ce qui s’est passé.
Il suffit d’observer le directeur du lieu, complètement perdu mais qui continue à se saouler d’alcool.
PINTER, DU VRAI THEATRE, TOUJOURS PASSIONNANT !
HAROLD PINTER : On m’a souvent demandé comment mes pièces voyaient le jour. Je ne saurais le dire. Pas plus que je ne saurais résumer mes pièces, si ce n’est pour dire voilà ce qui s’est passé. Voilà ce qu’ils ont dit. Voilà ce qu’ils ont fait.
La plupart de mes pièces naissent d’une réplique, d’un mot ou d’une image. Le mot s’offre le premier, l’image le suivant souvent de près !
Je commence toujours une pièce en appelant les personnages A, B et C.
Tous ces propos appartiennent au discours d’Harold Pinter lors de la remise de son Prix Nobel de la littérature en 2005.
Claude Régy(metteur en scène) : Ce que j’aimais chez Pinter , c’était ce langage qui permettait de faire dire ce qui n’est pas écrit ou bien faire parler les silences écrits . C’est une réflexion sur le langage et le réel. C’est écrit comme de la musique, avec très peu de notes.
Une sorte d’équilibre entre plusieurs matériaux sonores. Ce n’est pas le non-dit mais, au contraire, un excès d’expression puisque ces mots très simples révèlent beaucoup de choses et d’une manière subversive.
Michel Bouquet (qui a joué cette pièce) : Harold Pinter était un homme gentil, très humain. Mais il faisait penser à un guépard. Il avait la puissance musculaire du fauve, à l’arrêt. Il détestait qu’on lui demande des explications sur son théâtre. Il répondait juste : « C’est comme ça »
Jean-Louis Trintignant : Pinter, c’est comme Tchekhov !
Harold Pinter : un poète, un romancier, un auteur de nouvelles, un scénariste, un réalisateur , un acteur. Un homme océan !
MARCEL DELVAL : HAROLD PINTER, C’EST LE DIEU DE L’ECRITURE THEATRALE !
Marcel Delval : Oui , et avec lui, nous sommes toujours en bonne compagnie théâtrale. Il sait ce qu’est un comédien !
Pinter était d’ailleurs aussi comédien et metteur en scène britannique.
MAIS DIABLE, OU EN EST-ON DANS CETTE HISTOIRE ?
Marcel Delval : Bof, les indices arrivent au fur et à mesure, comme dans un polar. Le spectateur en alerte reçoit une information après l’autre et reconstruit peu à peu l’histoire. Pinter tisse une toile d’araignée dans laquelle le spectateur s’empêtre !
C’est bien cela qui est formidable !
Marcel Delval : Les pièces d’Harold Pinter sont difficiles à résumer. Disons que c’est l’histoire d’un roi imbus de pouvoir qui , se sentant menacé , finit par être tué par son bras droit et le peuple. Même si ce n’est pas tout à fait ça non plus.
La pièce évoque de nombreuses thématiques : les dérives du pouvoir, les rapports de force, l’hypocrisie de l’adulation, la folie …
C’est une comédie absurde et cruelle avec ses côtés comique et obscur On passe du comique à la noirceur.
Bref, c’est une drôle de pièce.
DISTRIBUTION :
Pascal Racan (le directeur) étonnant de naturel dans ses comportements, ses regards, ses réactions, sa manière de bouger et de s’installer sur son bureau…vide !
Patrick Brüll (que nous avons eu le plaisir de voir récemment dans « Le Cid » au Théâtre des Martyrs) déploie son côté massif et puissant qui correspond à son personnage de Lush.
Dominique Rongvaux (que nous venons aussi de voir dans son one man show consacré à Pierre Desproges) interprète le rôle de bras droit, de secrétaire, d’aide de camp qui déteste son patron, mais ne le montre jamais et à qui il envie le poste.
Et il y a également Olivia Carrère , Vincent Van Laethem et Nicole Valberg(une belle composition).
HOT HOUSE – GRANDE SCENE DU THEATRE VARIA
Un décor sombre au possible. Des portes qui ouvrent sur des lieux inconnus… De grands et longs couloirs grillagés…Ce décor gigantesque sème quelque peu la terreur.
Cela dit , on ne voit qu’une petite partie du lieu…Cela fait fonctionner nos cellules grises.
Ce décor nous rappelle les images du film de Martin Scorsese : « Shutterisland »
Qu’elle est belle, Farida ! Qu’elle est vivante ! Qu’elle est sincère !
Farida nous propose un spectacle d’une vivacité , d’une drôlerie , d’une tendresse magnifique, où textes, témoignages , images et musique se mêlent pour notre plus grand plaisir.
Mimouna est une femme née au Maroc qui vit à présent en Belgique.Bien qu’elle soit analphabète, son parcours témoigne d’une belle intelligence et d’un bon sens croustillant qui alimentent des perles de réflexions.
Le spectacle ICI MIMOUNA propose de poser et d’emprunter une passerelle entre les cultures, celle des gens d’ici et ceux de là-bas, celle des premières générations nées et éduquées au pays et celle de leurs enfants qui ont grandi ici…
Un réel bonheur de rencontrer et de l’interviewer à chaud sur le plateau théâtre, tout juste après la représentation.
Non seulement elle raconte avec volubilité , avec enthousiasme , avec amour son état de vie , mais elle chante aussi. Elle donne beaucoup de concerts. Ecoutez-la chanter…
Farida : Tout au long de mon chemin personnel, j’ai tenté de relier le passé et le présent, de comprendre les trajectoires de vie qui m’ont amenée à être ce que je suis.
Aujourd’hui, je me sens réunifiée et prête à faite ce voyage particulier du témoignage vivant partagé…
Il y a une richesse humaine impensable, un héritage dont nous – enfants de seconde génération – avons parfois eu du mal à apprécier la valeur réelle.
Avec « ICI MIMOUNA », je vous invite à me suivre pur entrer dans les sillons de l’histoire de ces 50 années d’immigration marocaine en Belgique, plus particulièrement au travers du regard et de l’expérience de ces femmes à qui j’ai choisi de prêter ma voix.
Farida a une présence scénique tout à fait formidable.
Les chansons que vous écoutez au cours de cette note ne figurent pas dans le spectacle actuel de Farida.
ICI MIMOUNA
De et par Farida Zoul
Mise en scène : Véronique Castanyer
Œil extérieur : Pietro Pizzuti
Création son : Pascale Snoeck, Kim Beyns
Création lumières : Thyl Beniest
Création images : ChristianVan Cutsem, Sophie Quinet , Philip Mullier.
Avec la complicité musicale de Sébastien Taminiaux et Rui Salgado , Azzedine Jazouli
Production : Interstices
Diffusion : Charge du rhinocéros
Accueil au Théâtre de la Place des Martyrs
Avec le soutien du CAPT, de la VCOCOF Culture et avec les témoignages de femmes du GAFFI
ICI MIMOUNA
Jusqu’au 15 février 2014
THEATRE DE LA PLACE DES MARTYRS
Place des Martyrs 22 – 1000 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 223 32 08
Photos et vidéos (extrait du spectacle et interview Farida Zouj/Roger Simons) : Paul Freitas.
A tout bientôt avec la pièce de Harold Pinter « Hot House » qui se joue en ce moment au Théâtre Varia et , comme promis , RICHARD III en personne ,alias Guy Pion ( actuellement en représentation au Théâtre Royal du Parc)
Et dans la seconde , une deuxième chanson interprétée par Farida Zouj.
Retenez bien son spectacle actuel au Théâtre de la Place des Martyrs. Un bijou !
Bonjour à Vous. Avant d’entreprendre ce long voyage vers le Canada, on s’écoute une chanson de là-bas en compagnie de Garou et Céline Dion. Avouez, ça ne se refuse pas …
En fin de parcours , je vous invite à suivre le mini concert que j’ai concocté à votre intention.
Dans l’immédiat : en route vers l’Alaska…
A la frontière de l’Alaska, sur la route principale, Kate porte sa robe de lolita trash et fait du stop depuis plusieurs heures.
Frigorifiée, elle est recueillie par la jeune Yuko et son ami Garin qui tentent de trouver le moyens nécessaires pour passer l’hiver et secourir Dad’s , le père de Garin.
Angoissé , celui-ci voit les fantômes de son passé revenir : le procès d’un célèbre serial killer commence à la télé et Goldie , la squaw disparue vingt ans plus tôt vient le hanter. Il fait quarante-cinq degrés au-dessous de zéro.
Dehors, le corbeau plane, inlassablement. Le décor est planté, l’histoire peut commencer.
SARAH BERTHIAUME RACONTE…
Sarah : Au printemps 2008, lourde d’une peine d’amour qui n’en finissait plus, j’ai acheté, sur un coup de tête, un billet d’autobus pour la destination la plus lointaine possible.
Quatre jours et quatre nuits de maux de dos, de A&W, de rencontres incongrues, de prairies, de montagnes , de forêts plus tard, j’arrivais au Yukon
Armée de mon sac à dos et de mon ordinateur portable, je suis débarquée chez un ami qui m’offrait la causeuse de sa maison mobile pour le mois à venir..
J’ai d’abord été frappée par l’immensité du paysage qui s’infiltrait , me semblait-il, à l’intérieur des êtres , pour y révéler des territoires insoupçonnés d’une vertigineuse vastitude.
La devise du Yukon, « Larger than life » était indéniable. Tout là-bas, me semblait infiniment plus grand que moi. Le lieu semblait porter en lui-même un ailleurs. Une promesse. Une fuite.
Puis, j’ai imaginé des personnages comme des chercheurs d’or modernes : petite communauté de fortune, toute à sa survivance.
Je les ai voulus écorchés, courageux, avides et fulgurants.
Quatre solitudes qui se rassemblent, se consolent et s’aiment malgré elles, aux confluents de la vie et de la mort, au beau milieu d’un hiver qui n’en finit pas.
J’ai voulu aussi une langue française, mais avec un rythme près de l’anglais ; j’ai aussi voulu des passages narratifs qui serviraient de contrepoids à la rudesse des dialogues et à la pauvreté de la langue des personnages. Je voulais ces envolées poétiques comme des zébrures d’or qui illumineraient une nuit polaire. Comme si le Yukon traversait les personnages et les rendait plus grands qu’eux-mêmes. Comme s’il parlait à travers eux.
Le reste ? C’est le corbeau qui me l’a soufflé à l’oreille…
Et Dieu sait combien il y en a des corbeaux dans cette région.
UNE PIECE EST AINSI NEE…SCENARISEE…
Armel Roussel (Co metteur en scène) : Oui, il y a un côté scénario. Il y a une donnée fantastique.
Oui, c’est scénarisé mais on n’est pas dans une quête réaliste.
La pièce alterne des éléments qui sont joués avec d’autres choses qui sont racontées au public.
Je n’ai pas voulu modifier le côté traditionnel, présent dans la pièce, car cela correspond à une réalité historique.
Ce n’est pas folklorique, mais cela touche à quelque chose de plus grand.
UNE PIECE NOMMEE YUKONSTYLE !
Interprétée par quatre comédiens à découvrir avec plaisir et intérêt :
Baptiste Toulemonde : Je m’appelle Garin. Je suis un métis, je suis le fils de Dad’s et de Goldie. Je suis aussi le colocataire de Yuko.
Lucie Guien : Je suis Yuko, la colocataire de Garin. Je suis une japonaise exilée au Yukon. Je joue également Goldie , la mère de Gari, qui était une femme autochtone issue d’une première nation du Yukon et qui a disparu dans les années 80.
Baptiste Toutlemonde : En plus de Garin , je joue également Jamie , un saskatchewanais de Swift Current que Kate a rencontré dans un autobus Greyhound.
Coline Wauters : Je suis Kate. Je suis une jeune fille habillée à la mode Harajuku, c’est-à-dire que mon style est un peu inspiré des lolitas gothiques qu’on trouve à Tokyo. Je traverse le Canada en autobus. J’ai 17 ans.
Emile Falk-Blin : Pour moi, ça va être plus simple. Je suis Dad’s, le père de Garin.
Bienvenue au Yukon.
C’est ainsi qu’ils se présentent lorsque vous faites votre entrée dans la petite salle du dessous. Ils dansent. Ils chantent. Ils sont très joyeux.
Et petit à petit, ils nous introduisent dans l’histoire de Sarah Berthiaume.
C’est vivant ! C’est drôle ! Ils nous expliquent aussi où se trouve ce Yukon.
Eux quatre : Le Yukon se trouve au nord-ouest du Canada, à la frontière de l’Alaska. C’est un des plus petits territoire du Canada mais ça fait quand même la même taille que l’Espagne.
Il y a 33 000 habitants. C’est que le climat y est rude. Polaire et subarctique.
Là, à Whitehorse , il es 11h30 du matin et il fait -25°.C’es la capitale du Yukon et elle cumule à elle seule 20 000 habitants. La devise du Yukon est « Larger Than Life » « Plus Grand que Nature » si vous préférez. On comprend pourquoi…
Et l’explication continue avec force détails…
Eux quatre :Le Yukon tire son nom du fleuve qui le traverse.
Yukon, ça veut dire « grande rivière » en gwich in , la langue de la tribu indienne des Kutchin.
Il y a beaucoup de rivières au Yukon. Une des plus connues est le Klondike comme dans l’expression « Klondike Gold Rush » qu’en français nous nommons « Ruée vers l’Or ».
Le nom de la rivière Klondike provient aussi d’une tribune amérindienne, celle des Han.
Il y a huit langues autochtones au Yukon, chacune d’entre elle est rarement parlée par plus de 200 « Natives » …
Ce mot « native » est le vocable anglophone utilisé pour nommer les « Autochtones ».
Très intéressant tous ces commentaires de nos quatre amis canadiens.
Notez- les bien, vous pourriez en avoir besoin si vous deviez vous rendre un jour au Yukon…Et pourquoi pas ?
Eux quatre : on vous signale que tout au long de la pièce, vous allez rencontrer un « drôle de langage » pour vos oreilles européennes.
Alors, on vous a préparé une petite mise à jour express.
Des expressions , des mots , mais aussi des lieux , des objets usuels , des marques ou des enseignes…
Allez, notez-en quelques-unes :
« Se pacter » = se bourrer la gueule
« une brosse » = une cuite
« être paqueté raide » = être mort saoul
« s’en câlisser » = s’en foutre
« être sur le bol » = être sur la cuvette des toilettes
« les shnotes : »= testicules. Exemple : « Y a un ti-cul qui m’a sâcré un coup de pieds dins chnoles »
Et ainsi de suite… dans la salle du dessous où se joue …
YUKONSTYLE
La suite de l’histoire ? Au théâtre !
Voilà encore un beau moment à passer au théâtre avec ces acteurs enthousiastes qui créent une ambiance pénétrante et donnent vie à ces êtres isolés. Stupéfiant !
Eux quatre : Qu’on vous dise encore : nous vous parlerons au cours du spectacle d’un certain Robert Pickton. Ce charmant personnage, agriculteur canadien et éleveur de porc, a été reconnu coupable du meurtre de 6 femmes.
Eux quatre :Mais Pickton est également soupçonné du meurtre de 49 autres femmes, principalement des prostituées , dans une région défavorisée du Canada , le « downown estside » à Vancouver que l’on appelle aussi le Low Track !
Mais nous n’allons pas tout vous raconter. Nous vous attendons l’un de ces prochains soirs…
YUKONSTYLE / SARAH BERTHIAUME / ARMEL ROUSSEL
Assistant à la co-mise en scène : Salvatore Calcagno
Stagiaire à la co-mise en scène : Julia Huet Alberola
Espace : Nathalie Borlée et Armel Roussel
Lumière : Amélie Géhin
Direction technique : Nathalie Borlée
Assistant technique : Gary Lacourt
Montage et mixage son : Guillaume Istace
Montage et mixage vidéo : Zeno Graton
Régie : Malika Gouider
Stagiaire régie : Hadrien Belle
Chargée de production : Gabrielle Ailly
Photos : Bruno Mullenaerts
YUKONSTYLE
Jusqu’au 01/03/2014
THEATRE LE PUBLIC
Rue Braemt 64/70 – 1210 Bruxelles
Infos Réservations : 0800 / 944 44
UN MUST !
Je rencontre et interroge Richard III ce vendredi. Vous pourrez le voir et l’écouter demain samedi ou dimanche au plus tard sur mon blog.
MINI CONCERT CANADIEN
En compagnie de grands artistes que vous connaissez très certainement et que vous allez retrouver avec plaisir. Musique ! Et à tout bientôt…
Voici une voix que nous avons beaucoup aimé, que vous allez retrouver pour quelques instants.Celle de Gilbert Bécaud…
La « Marie « qu’évoque Gilbert Bécaud n’est pas la « Marie » de la pièce d’Anthony Micheneau. On l’appelle …
GUEULE D’ANGE…
Une gentille comédie sans prétention, bien construite , bien écrite , bien jouée par deux jeunes comédiens français.
C’est l’histoire de Laurent qui pensait rejoindre son meilleur ami dans un quartier populaire parisien mais à sa place , il va rencontrer Gueule d’Ange. (Qu’est-ce qu’elle est belle cette toute jeune femme.
A la place de son pote, c’est donc une jeune femme quelque peu écervelée, envahissante, troublante , excitante , qui affirme être là pour lui !
Laurent, oui il s’appelle Laurent, est un homme perdu , dont l’épouse est décédée depuis neuf mois. Il n’arrive pas à remonter la pente. Elle « Gueule d’Ange , de son vrai prénom Marie (Voilà pourquoi je vous ai fait écouter Bécaud) est diablement belle ,optimiste , sympathique, remuante, sexy en diable et elle est bien décidée à ne pas le lâcher d’une semelle cet homme , non pas pour lui faire l’amour , mais pour le découvrir et essayer de le mettre sur la bonne pente, de lui redonner goût à la vie .Toute sa vie va basculer…
GUEULE D’ANGE
Ils sont drôles et émouvants tous les deux.
Anthony Michineau a écrit une très belle pièce qui repose sur l’écriture et sur la sincérité.
Il joue le personnage de Laurent. Absolument parfait.
Elle , Gueule d’Ange ( son nom d’actrice : Armony Bellanger) est tout à fait extraordinaire et irrésistible quand elle joue sur « la corde sensible » . Etonnante aussi avec son accent de titi parisien. Elle manipule un langage argotique avec une facilité surprenante.
Elle a une présence scénique formidable. On l’aime tout de suite.
Du rire mais une belle émotion.
Un texte de qualité et parlant.
Un décor simple, ingénieux. On change de lieu sans bien vraiment s’en rendre compte.
Une heure trente de tendresse , d’amour , de petites touches d’humour.
On est bien lorsque l’on quitte le lieu !
Je félicite ces deux comédiens que j’espère revoir plus tard.
Merci à tous deux pour ce moment de bonheur …
GUEULE D’ANGE / ANTHONY MICHINEAU / ROMAIN THUNIN
Jusqu’au 26 janvier 2014
CENTRE CULTUREL D’AUDERGHEM
Boulevard du Souverain 183 – 1160 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 660 03 03
Rendez-vous tout bientôt avec la pièce « Hot House » qui se joue au Théâtre Varia.
Bientôt sur ce blog : « RICHARD III » et « YUKONSTYLE »
Je prends congé, et je ne résiste pas à l’envie de le faire , je vous reprogramme une deuxième chanson avec Gilbert Bécaud qui n’a pas vraiment un rapport avec la pièce « Gueule d’Ange « . Peu importe mais c’est tellement agréable de revoir Monsieur 100.000 volts.
Un spectacle écrit et joué par Pierre Debauche, mis en scène par Daniel Mesguich.
Poète, acteur, metteur en scène, pédagogue infatigable, pionnier de la décentralisation française en banlieue – c’est lui qui fonda le Théâtre des Amandiers à Nanterre au milieu des années 1960 – Pierre Debauche, 82 ans, est un moment d’histoire du théâtre à lui tout seul Namurois d’origine, fasciné par l’Afrique et les Caraïbes, il dirige aujourd’hui le Théâtre du Jour à Agen, après avoir été le fondateur, entre autres, du Théâtre de la Soif Nouvelle, du Festival des Francophonies de Limoges, du Festival de Lanester, de l’École Internationale de mise en scène. En 50 ans de pratique, il aura enseigné notamment au Conservatoire de Paris, à l’Ecole du Centre Dramatique National de Saint-Etienne et il enseigne depuis 20 ans au Théâtre-école d’Aquitaine à Agen.
Il met en scène, joue et tourne Molière, Shakespeare, Corneille, Racine, Rostand, Tchekhov, ses propres textes, poétiques et dramatiques, … Tel un assoiffé des planches, Pierre Debauche n’en finit jamais de recommencer, de poursuivre, et de transmettre.
Une belle proposition de spectacle dédié à la poésie !
LA DANSE IMMOBILE
Avec Pierre Debauche, Zabo, Soraya Boulicot, Elsa Sanche
Création musicale : Zabo
Lumières : David Cappellazzo
Production : cie Pierre Debauche
(spectacle en français, non surtitré)
Représentations le vendredi 24 et samedi 25 janvier , à 20h30
CARTHAGO DELEWDA EST
Rue Sylvain Denayer 51 1070 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 521 14 99
Une magnifique rencontre à ne pas rater.
Ceci est une note spéciale qui m’a été proposée par les amis de Pierre Debauche.
Un découverte intéressante que ce théâtre qui fait la différence, situé en plein cœur d’Ixelles, chaussée de Boondael , 361 …
REPRISE DE CE SPECTACLE DU 22/01/14 AU 01/02/14
« L’AIDE-MEMOIRE » est son deuxième spectacle, après « Trahison » de Pinter.
Bruno Emsens , directeur et metteur en scène , a choisi cette pièce superbe de Jean-Claude Carrière. C’est un bonheur !
FLASHBACK
23 SEPTEMBRE 1968 : CREATION AU THEATRE DE L’ATELIER (PARIS) DE CETTE PIECE SAVOUREUSE DE JEAN-CLAUDE CARRIERE…
Avec deux grands comédiens : Delphine Seyrig et Henri Garcin, dans une mise en scène d’André Barsacq.
Une pièce qui séduit dès le premier mot, le premier geste, par sa légèreté, sa spontanéité, sa délicatesse, sa pudeur et son humour aussi.
Une pièce sur l’amour mais un amour différent.
André Barsacq (metteur en scène de la création) : Absolument. Aucune scène impudente, aucun baiser, aucune caresse sensuelle. Tout est suggéré et jamais souligné, où les mouvements de l’âme remplacent les coups de théâtre habituels et où l’incertitude dans laquelle Jean-Claude nous plonge quant à l’identité de ses personnages, donne à la pièce une allure de rêve.
Une pièce – chef d’œuvre de ce grand auteur qui écrivait là sa toute première pièce : Jean-Claude Carrière.
Une première pièce, une première réussite , un premier succès.
D’autres ont suivi, d’autres scénarios, d’autres adaptations…
Jean-Claude Carrière, que j’ai souvent rencontré et interviewé pour mes émissions à la RTBF, m’a toujours procuré du plaisir et de la passion pour son travail magnifique, plongé dans la littérature , le théâtre, le cinéma…
En plus, c’est un homme délicieux, d’une bien belle intelligence, courtois et doté d’une voix qui charme.
Jean-Claude est un boulimique du travail .J’aime ça, je suis comme lui.
L’AIDE – MEMOIRE
Cette pièce onirique a été souvent jouée au cours du temps par de grands comédiens : André Dussolier , Caroline Cellier, Bernard Giraudeau , Fanny Ardant, Jane Birkin , Pierre Arditi.
C’est une aubaine, une faveur pour un comédien de jouer cette pièce.
Et c’est ce que ressentent les deux comédiens qui la jouent en ce moment au Théâtre des Bosons :
Florence Hebbelynck et Michel Scotto Di Carlo.
Nous connaissons bien Florence, excellente actrice belge.
Nous découvrons Michel, acteur français d belle qualité..
Ils sont merveilleux tous les deux et tellement vrais dans leur interprétation.
Bruno Emsens, le metteur en scène, nous propose une mise en scène hors habitude.
On ne se sent pas au théâtre avec ses trois murs…
On se sent dans un appartement, les deux comédiens nous frôlent de très près. On vit avec eux.Il n’y a pas de rideau rouge, il n’y a pas de coulisses, non : une pièce , une grande pièce où se trouvent un coin de cuisine, une salle de bain et un grand lit qui trône au milieu, et une moquette par terre.
C’est soigné ! C’est très intime ! Aucune limite dans les mouvements qui sont des plus naturels.
L’AIDE- MEMOIRE
Un spectacle à la fois drôle, tendre, neuf ( malgré ses 45 ans d’existence) , riche , nuancé , sans innovations prétentieuses.
Peu d’action. A peine.
Jean-Jacques Gauthier (chroniqueur de l’époque de la création) : C’est le négatif d’une action, comme on dit le négatif d’une photo.
On pourrait aussi soutenir qu’en somme, c’est une espèce de Marivaux, de Marivaux après que Pinter soit passé par là.
Du Marivaux – hésitation sans intrigue à proprement parler.
Propos de Jean-Jacques Gauthier on ne peut plus justes !
L’AIDE MEMOIRE EN CE MOMENT AU THEATRE DES BOSONS/BRUXELLES
Un duo filé avec humour ! Un jeu où la souris prendrait le chat.
Tout est suggéré ! Aucun bavardage inutile ! Un dialogue direct, sans fioriture. C’est du cinéma théâtre et ça, c’est formidable.
C’est vif, savoureux, sans mot d’auteur , ce qui arrive parfois et souvent au théâtre. C’est original ! C’est précieux !
Bruno Emsens (metteur en scène) : « L’Aide-mémoire » m’a intrigué à la première lecture. Il est de ces textes qui vous parlent sans qu’on sache vraiment à quoi ils touchent.
On a l’intuition de quelque chose de personnel et d’universel à la fois, de quelque chose de juste mais aussi d’étrange, quelque chose que la raison a du mal à appréhender.
C’est précisément ce qui m’intéresse dans cette forme de théâtre que j’explore, on peut y aborder les choses sans les conceptualiser.
En un mot , il s’agit de vivre des expériences humaines plutôt que de les penser.
PAUSE MUSICALE
Scénario : Une jeune femme débarque chez un célibataire, expliquant sa venue d’une façon curieuse, intrigante, et elle va se servir d’astuces pour rester chez cet homme qui tente en vain de la repousser! Qui est cette femme, très belle au demeurant ! Que veut-elle ?
Christian Jade (RTBF) : Un rapport de forces. Le contraste entre un célibataire un rien maniaque et une jeune femme bordélique et fière de l’être.
Un rapport de séduction aussi !
Bruno Emsens : Il s’agit d’un homme et d’une femme, de l’Homme et de la Femme, de leurs différences irréconciliables mais aussi de leur inexorable attirance l’un pour l’autre et de l’inévitable peur qui les étreint , inhérente à toute vraie rencontre.
C’est d’une vérité stupéfiante ! C’est inquiétant mais formidablement vivant !
Deux heures de spectacle, cela pourrait être le double. On est bien avec eux, on suit leur histoire avec un certain plaisir et ravissement. On a l’envie de leur parler, de les conseiller…
La pièce commence au petit matin. L’homme dort encore, se réveille, se précipite dans sa salle de bain, s’habille en hâte, il part au travail quand surgit LA FEMME !Il la regarde, décontenancé…
Un huis clos, un silence, un humour en pointes , un cocktail original et précieux.
Tous deux se nomment Jean – Jacques et Suzanne, mais ne le dites à personne. Gardons cette merveilleuse intimité !
Suit maintenant une vidéo enregistrée sur le vif par Paul Freitas, dans l’action, où s’expriment les deux comédiens et le metteur en scène…
Essayez de vous éloigner au maximum du brouhaha, rapprochez-vous de votre ordinateur et regardez-les, écoutez-les ! Ils sont talentueux et sympathiques.
Essayez de vous libérer un soir pour venir découvrir ces deux acteurs.
Vous passerez un beau moment avec eux et le texte de Jean-Claude Carrière.
Avec Florence Hebbelynck et Michel Scotto Di Carlo
Scénographie : Vincent Bresmal
Lumières : Laurent Kaye
Sons : Sébastien SchmitzCostumes : Noémie Breeus
Coiffures : Thierry Pommerell
THEATRE DES BOSONS
Chaussée Boondael 361 -1050 Bruxelles
Infos Réservations : 0486 48 76 11
Jusqu’au 01/02/14
(crédit photos et vidéo/interview : Paul Freitas)
Suzanne : Je n’ai rien oublié de ce que avez fait pur moi. Ni les fleurs, ni le champagne. Je vous suis très reconnaissante. Mais franchement, je ne vois pas pourquoi vous viendriez habiter chez moi !…Il y a si longtemps que j’ai envie de vivre seule, d’être totalement indépendante. Ce doit être tellement agréable de se retrouver, le soir, seule, tranquille , après le départ de ses amis , dans un endroit qu’on a choisi , qu’on a modifié. Un endroit à sa convenance. Pourquoi voulez-vous qu’on se gêne, à deux ? Qu’on s’entasse ? Vous me comprenez ?
(Extrait de la pièce de Jean Claude Carrière)
Messieurs et Mesdames, avez-vous déjà vécu une telle situation ?
Je vous ai présenté la pièce d’Herman Broch « Récit de la servante Zerline », au lendemain de la première représentation.
Cette pièce de belle qualité et dotée d’une superbe interprétation par Jacqueline Bir, s’achève ce 25 janvier.
Si vous ne l’avez pas encore vue, dépêchez-vous, il vous reste quelques petits jours pour foncer vers le Théâtre de la place des Martyrs.
Je vous avais promis une rencontre avec Jacqueline Bir. C’est chose faite. Vous allez pouvoir l’écouter et la regarder dans quelques instants.
Mais avant, je vous propose deux vidéos qui – quelque part – peuvent être en relation avec l’interview qui suivra.
L’une avec Sacha Guitry qui évoque avec son humour habituel une grande personnalité du théâtre français.
L’autre avec la divine cantatrice grecque : Maria Callas , née Sophia Kalogeropoulos , décédée en 1977 !
LE SPECTACLE COMMENCE ...
Sarah Bernhardt – Jacqueline Bir ? La relation entre ces deux comédiennes ?
Maria Callas – Jacqueline Bir ? Vous avez trouvé quel est le rapport ?
Deux stars du passé : l’une tragédienne, l’autre diva.
Ecoutez attentivement notre star d’aujourd’hui : JACQUELINE BIR
Je prends mon brigadier et je frappe les trois coups traditionnels du théâtre… dans mon imaginaire, cette tradition a disparu aujourd’hui.
Rideau !
(credit/video Jacqueline Bir : Paul Freitas)
Merci encore à Jacqueline Bir pour cette merveilleuse rencontre.
Notre prochaine star : Suzy Falk.
Tout bientôt sur mon blog : Guy Pion pour évoquer la pièce qu’il joue actuellement au Théâtre Royal du Parc : RICHARD III.
La dernière séquence de la note sera un hommage au grand chef d’orchestre qui vient de mourir à l’âge de 80 ans , à la suite d’un cancer: CLAUDIO ABBADO. J’ai eu la chance de le voir en concert à plusieurs reprises . Il était tout simplement magnifique , exceptionnel.
Avec « Les Marchands », Joël Pommerat plonge directement dans le monde du travail, de l’autre côté de la barrière sociale. Il met deux femmes face à face : une chômeuse et une ouvrière. Jouant sur l’opposition entre celle qui voudrait avoir un travail (et donc être exploitée) et celle qui en a un( et qui ne se rend pas forcément compte qu’elle est exploitée , heureuse qu’elle est d’avoir du boulot) , Joël Pommerat tisse une toile d’une extrême finesse. Il joue sur le dit et le non dit, la présence et l’absence, la souffrance et l’espoir, le réalisme et le féerique.
TEXTE/MISE EN SCENE : JOEL POMMERAT
Une œuvre très particulière interprétée par huit acteurs, silencieux en scène, ne prononçant pas un seul mot si ce n’est de temps à autre des onomatopées.
Tout le texte est dit, raconté – avec des accents profondément humains – par une seule voix de femme (l’une des comédiennes) qui se trouve soit sur le plateau soit en coulisse, micro en main.
Une nouvelle forme de présentation théâtrale qui soulève des avis contrastés. Et c’est bien normal.
Cela me fait penser à la radio (voix au micro) et aux films muets d’antan (gestuelle des acteurs)
Cela dit, il s’agit d’un très grand spectacle en une cinquantaine de flashs (comme au cinéma), de tableaux qui peuvent durer 30 secondes ou 2 minutes…Pendant les « noirs – lumière » obligés pour procéder à des changements visuels, on entend des musiques étonnantes et des sons percutants (comme ceux d’une usine en pleine activité) qui créent une ambiance des plus dramatiques.
Une femme raconte donc. Son mal de dos, les rêves de sa voisine et amie, son travail à l’usine locale menacée de disparition et la catastrophe que la fermeture entraînerait…Sa voisine qui n’arrive pas à être embauchée et cette absence de travail qui s’inscrit néanmoins au cœur de son existence , jusqu’à la folie.
Joël Pommerat (auteur et metteur en scène) : C’est en réalité le troisième opus de la trilogie commencée avec « Au Monde », qui met en scène le pouvoir de la finance.
Le deuxième volet s’intitule « D’une seule main » et s’ouvre au monde de la politique. A l’autre bout de la chaîne sociale, voici le prolétariat, ces « marchands de leur corps » qui ont pour seul pouvoir leur force de travail. Ici, ce n’est pas seulement le pouvoir aliénant et structurant du travail que j’ai voulu décortiquer mais plutôt tout ce qui se passe autour.
A travers une évocation de la vie quotidienne de ces travailleurs, j’ai imaginé une grande part d’étrangeté , voire de paranormal. J’ai construit un théâtre de l’intime qui fait la part belle au rêve et à la poésie.
Les êtres y surgissent comme à la frontière entre le monde des vivants et celui des morts, en clair-obscur et nimbés du mystère même de leur présence.
Personnellement, je suis entré immédiatement dans cette course humaine, ému par les personnages, séduit par les lumières scéniques tout à fait étonnantes et l’environnement sonore absolument fabuleux.
En scène, pas de décor, le dénuement le plus total.
Des bancs apparaissent, on voit les ouvriers qui s’activent au boulot.
Il s’agit d’une vidéo qui envoie l’image mais les acteurs sont présents. C’est très bien conçu. Quelle technique formidable !
Une séquence qui me fait penser au film de Chaplin « Les temps modernes »
D’autre part, il est vrai aussi que les dialogues de la pièce étant tellement brefs et le découpage fait de très courtes séquences, on pense au cinéma.
Il y a une foule d’inventions dans les mouvements de scène.
Une conception et une réalisation pleines d’audace ! Et c’est tant mieux !
Jean-François Perrier (Avignon) : Dans une maîtrise totale du plateau, accompagné tout entiers envahis par les mots de l’auteur , Joël Pommerat offre, par touches successives , par de brefs tableaux, une réflexion sans complaisance sur ce monde « nouveau » où le seul critère reconnu et revendiqué , celui de la rentabilité économique , peut broyer ces « Marchands ».
POMMERAT S’EXPLIQUE
Joël Pommerat : Avec l’écriture, je cherche à replacer le spectateur dans un temps précis, concret. Un temps qui puisse rassembler spectateurs et acteurs dans un lieu donné. Un temps capable de relier fortement des êtres les uns aux autres, par exemple : comme un groupe de personnes face à un danger commun.
Je cherche à rendre l’intensité du temps qui passe, seconde par seconde comme aux moments de notre vie les plus essentiels , pendant une expérience qui nous confronte à nous-mêmes , au plus profond.
En même temps , je choisi des situations ordinaires, et je cherche à l’intérieur de ce cadre ordinaire la tension la plus forte , l’intensité la plus grande , c’est pourquoi je cherche souvent à l’intérieur du plus anodin , et je me prive volontairement d’actions « dramatiques » au sens premier du terme.
L’instant le plus important de mes pièces , celui qui est recherché , celui sur lequel j’aimerais qu’on s’attarde quand on en parle , c’est l’instant créé par superposition des différents instants , produit d’un mélange , d’une confusion de tous les instants.
PAUSE MUSICALE
« Il n’est pas marchand qui toujours gagne » (Pierre Gringoire)
POMMERAT S’EXPLIQUE (suite)
Joël Pommerat : Comment définir vraiment ce que je cherche quand je fais un spectacle, ce que je cherche être autre le plus obstinément c’est rassembler, c’est confondre, c’est mélanger…par exemple
le plus étrange avec le plus simple , le plus banal…
le plus intime avec le plus épique…
le plus sérieux , le plus tragique avec le plus dérisoire…
le plus actuel avec le plus anachronique…
réunir tout ça, ces dimensions , toutes , ne pas en laisser échapper.
C’est comme cela, peut-être à tort, que je pense pouvoir rendre théâtralement un peu de réalité car mon obsession c’est ça, saisir un peu de réalité.
J’aime aussi que mes histoires soient improbables, tordues, qu’elles ne tiennent vraiment pas debout comme on dit, au contraire qu’elles soient bancales, qu’on me dise « mais c’est quoi ça , qu’est-ce que ça raconte ce truc ? « et que ce soit un vrai tour de force ensuite qu’elles tiennent quand même debout sur le plateau.
Rien n’est plus beau selon moi que l’équilibre précaire.
J’aime que ça ne soit pas gagné d’avance , que ça tienne pas tout seul, que l’écriture des mots , l’écriture du texte ne révèlent pas tout , ne disent pas tout, que tout ne soit pas joué d’avance.
Parce que, dans le fond, mes histoires ne sont que prétextes à révéler des instants, révéler de la présence, présence qui est tout à la fois mystère et concret , présence qui est l’événement majeur, qu’on le veuille ou non , de notre monde là , don de ce théâtre là…
LES MARCHANDS/THEATRE NATIONAL
Cette pièce illustre la dualité du théâtre de Pommerat, qui est tout à la fois totalement dépouillé et extrêmement sophistiqué.
Et comme d’habitude avec Pommerat , la froideur n’est que de façade.
L’humour et l’humanité rôdent au détour de chaque réplique.
Mais la grande force de ces « Marchands », c’est ce propos d’une rare lucidité sur la façon dont le travail, ou son absence , construit et détricote nos vies. Sur la façon dont nous nous retrouvons chacun marchand de notre temps, de notre vie.
« C’est un spectacle d’une beauté époustouflante…Interrogations sur la manière dont le travail remplit ou non nos existences , ces « Marchands » riches en audaces formelles , où les mots , les corps , les lumières les objets et les sons se répondent , sont portés par un groupe d’acteurs à la présence sidérante… » (Le Monde)
Les comédiens sont impeccables dans l’interprétation de leur personnage et font preuve d’une présence effectivement – comme le dit « Le Monde » : sidérante !
Petit bémol : la pièce est un peu longue, quelque peu fatigante de par ses lumières tamisées où l’on risque de sombrer dans le sommeil, et son décor sonore (d’une superbe qualité) au maximum des décibels.
Mais, je le répète, c’est un programme tout à fait fantastique que l’on se doit de voir si l’on aime le théâtre, cette nouvelle forme de théâtre.
« L’art du récit ne vise pas à émou-voir ou à indigner mais plutôt à faire rire, à montrer l’absurdité du monde dans lequel nous vivons. Un plaisir et un soulagement ! »
GENERIQUE DE FIN
LES MARCHANDS
Une création théâtrale de Joël Pommerat
Scénographie et lumière : Eric Soyer
Costumes : Isabelle Deffin
Son (à plein tube) : François et Grégoire Leymarie
Conseiller musical : Alain Besson
Régie lumière : Julien Chatenet
Régie son : Grégoire Leymarie
Habilleuse : Claire Lezer
Avec huit comédiens talentueux ( qui plus est , dans cette forme de travail) :
Saadia Bentaïeb , Agnès Berthon, Lionel Vodino, Angelo Dello Spedale, Murielle Martinelli, Ruth Olaizola, Marie Piemontese , David Sighicelli.
Mille bravos à cette fabuleuse équipe.
LES MARCHANDS/ JOEL POMMERAT
Jusqu’au 25 janvier 2014
THEATRE NATIONAL
Bld Emile Jacqmain 111- 115- 1000 Bruxelles
Infos Réservations : 02 / 203 53 03
Nos « marchands » sont repartis. Bonne route !
Nos prochains rendez-vous :
Une « note » spéciale qui rendra hommage à Jacqueline Bir, l’une de nos plus brillantes comédiennes en représentation au Théâtre des Martyrs avec « Récit de la servante Zerline » dont je vous ai déjà longuement parlé. J’accueillerai notre star nationale sur ce blog qui nous racontera les moments importants dans sa longue carrière de comédienne.
Une deuxième rencontre dans quelques jours avec Guy Pion, à l’affiche du Théâtre Royal du Parc où il joue le rôle de Richard III. Un fabuleux spectacle mené tambour battant dans une version très moderne mais avec le texte de Shakespeare, mis en scène par Isabelle Pousseur.
Une troisième rencontre avec le spectacle qui se donne au Théâtre Le Public (salle du sous-sol) : « Yukonstyle » de la canadienne Sarah Berthiaume .Jouissif !
Pour vous quitter , comme à l’habitude, je vous offre une chanson magnifique interprétée par deux grandes stars québécoises : Ginette Reno et Céline Dion : » Un peu plus haut, un peu plus loin »